Hommage à Ewen Macpherson of Cluny,

Chef de clan écossais partisan des Stuart, décédé à Dunkerque en 1764,

Ami du Prince Charles Edouard Stuart,

Inhumé dans le jardin de l’ancien couvent des Carmélites

Rappel du contexte historique :

Lorsque Guillaume d’Orange et sa femme Marie, fille de Jacques Stuart (Jacques II d’Angleterre), montent sur le trône en 1689 lors de la Glorieuse Révolution en évinçant les Stuart, la France catholique de Louis XIV prend parti pour les partisans de Jacques II que l’on appelle les jacobites. Jacques II se réfugie alors en France. L’objectif des jacobites est de ramener sur le trône Jacques Stuart, dernier roi catholique de la monarchie britannique, puis ses descendants Jacques III et Charles III (Charles Édouard Stuart).

La première expédition jacobite :

La France lance une première expédition navale depuis Dunkerque en mars 1708, sur ordre de Louis XIV, avec le chevalier de Forbin à la tête d’une escadre de plus de 30 navires emmenant 12 bataillons (soit 6000 soldats) dans le but d’un débarquement en Écosse. Jacques III d’Angleterre, alors prétendant aux trônes d’Angleterre et d’Écosse, s’embarque à Dunkerque le 17 mars sur le MARS commandé par Forbin, un compagnon d’armes de Jean Bart.

Arrivant dans les parages d’Édimbourg le 23 mars, il se confronte à une flotte anglaise mais doit battre en retraite. Jacques Stuart ne peut que constater son échec et rentre en France en débarquant à Dunkerque le 11 avril suivant.

La deuxième expédition :

Le 27 décembre 1715, le prétendant au trône Jacques Stuart s’embarque à nouveau depuis Dunkerque pour une nouvelle tentative de débarquement en Angleterre, mais là encore sans résultat. Il est contraint de rentrer en France et débarque près de Gravelines le 21 février 1716. L’année suivante, le traité de Triple Alliance met fin au conflit avec l’Angleterre.

La troisième expédition :

En 1744, une troisième expédition jacobite est planifiée depuis Dunkerque, on y rassemble des troupes et on arme une escadre sous les ordres de Cornil Bart, ou François-Cornil, fils aîné de Jean Bart, qui est alors commandant de la Marine à Dunkerque. Une flotte de 6 vaisseaux de guerre assistés de 40 navires de commerce réquisitionnés doit emmener un corps expéditionnaire de plus de 10 000 hommes en Écosse avec le jeune prétendant au trône Charles-Édouard Stuart (1720 – 1788). Mais une terrible tempête survient dans la nuit du 6 au 7 mars 1744 et anéanti une fois de plus cette entreprise.

On ne sait si Louis XV voulait réellement que cette entreprise soit un succès ou bien si ce n’était qu’une utile diversion dans le contexte de la guerre de succession d’Autriche, empêchant par là même les Anglais d’envoyer leurs troupes aux Pays-Bas tandis qu’au contraire 6000 Hollandais étaient envoyés précipitamment en Angleterre pour contrarier un éventuel débarquement des Français. Le 15 mars 1744, Louis XV déclare d’ailleurs la guerre à l’Angleterre.

 

La quatrième tentative d’expédition :

De leur côté les jacobites n’ont pas abandonné leur espoir de débarquer en Écosse pour rétablir un Stuart sur le trône. En 1745, c’est la seconde rébellion jacobite en Grande-Bretagne, et grâce à l’aide de 3 Irlandais, dont Gaultier Rutlidge à Dunkerque, une nouvelle expédition s’organise depuis Nantes. Des Dunkerquois tels Pierre Bart, neveu de Jean Bart, y participent à l’été 1745 et après un violent combat naval Charles-Édouard finit par débarquer en Écosse pour se battre contre les Anglais et tenter de récupérer son trône.

Dans le même temps, Louis XV persiste dans son soutien aux jacobites et fait armer une escadre de plusieurs vaisseaux à Dunkerque pour partir en renfort des Écossais jacobites. Un corps expéditionnaire devait s’embarquer au début de 1746, mais des retards et difficultés empêchèrent cette expédition navale. Finalement, tout espoir de rétablissement de Charles-Edouard Stuart sur le trône britannique s’envole avec la défaite de Culloden en avril 1746.

Dunkerque a donc joué un rôle prédominant dans les diverses tentatives de rétablissement des Stuart sur le trône d’Écosse et d’Angleterre.

Le rôle de Ewen Macpherson of Cluny et son rapport à Dunkerque :

Ewen MacPherson est le 18e chef héréditaire du clan Macpherson, né le 11 février 1706. Il se marie en 1742 avec la fille du chef de clan Fraser of Lovat. Lors de cette union, les clans Fraser, Cameron et Macpherson signent un traité d’union entre leurs clans.

Lorsque la seconde révolte jacobite éclate en 1745, Ewen reçoit une lettre du Prince Charles Edouard Stuart lui demandant de le rejoindre à Glenfinnan aux côtés des autres clans. Ewan refuse d’abord de se joindre à cette révolte, car depuis la première révolte de 1715, son clan n’est plus partisan de la cause jacobite. Il reçoit également une demande de la Couronne anglaise lui demandant de dénoncer les jacobites dans sa région, mais s’y refuse.

Ewen épouse cependant la cause jacobite le 29 octobre 1745, devient colonel et membre du conseil de guerre du Prince. Il amène avec lui près de 400 hommes et une grande quantité d’armement et de munitions. Charles Stuart lui confie l’arrière-garde de l’armée, principalement composée de Lowlanders, des hommes provenant de Glasgow et d’Édimbourg.  Le 1er décembre 1745 à Manchester, le clan Macpherson reçoit l’honneur de brandir l'étendard royal jacobite afin de rallier les partisans anglais à cette cause.

Ewen et son clan participent aux batailles de Falkirk et Clifton, ainsi qu’aux raids d’Atholl. Ils chargent vaillamment l’armée anglaise aux côtés du prince, les mettant en déroute et fracassant leurs épées sur la tête des forces hanovriennes, qui avaient pris soin de cacher des calottes en fer sous leurs chapeaux.

À Culloden, le clan Macpherson arrive à peine une heure après une bataille expéditive. Les Macpherson protègent alors les régiments écossais dans leur retraite. Deux semaines plus tard, le Prince ordonne la dissolution de l’armée jacobite.

La tête d’Ewen Macpherson est alors mise à prix. Contraint de se cacher sur ses terres dans une grotte sur le flanc de la montagne Creag Dhubh, Il y héberge le Prince et son cousin blessé à la jambe pendant deux semaines, avant qu’ils ne s'exilent en France. Ewen reste en Écosse pour gérer les affaires financières du Prince, vivant dans cette grotte pendant neuf longues années.

En 1755, Ewen finit par rejoindre la France, où on lui promet le poste de lieutenant-colonel dans le régiment des Royals écossais. Pour ses adieux, il organisa une grande chasse aux cerfs sur ses terres de Badenoch avec son clan. Puis il traverse l’Écosse et l’Angleterre déguisé en gentilhomme, débarque le 23 mai 1755 à Calais, puis deux mois plus tard à Dunkerque pour prendre ses fonctions. Sa femme et sa fille le rejoignent à Dunkerque deux ans plus tard.

Il s’installe dans un appartement attenant au couvent des Carmélites (ou Carmes déchaussés) et vit dans une grande pauvreté. Il rejoint le Prince Édouard Stuart en Suisse, mais c’est un prince ivre qu’il rencontre et qui a totalement abandonné l’idée d’un retour des jacobites. Lors de cet entretien, le Prince réclame avec insistance des effets personnels qu’Ewen aurait eu en sa possession, ce qui n’est pas le cas puisqu’ils ont été pour partie remis à son agent à Paris tandis que le reste était encore en Écosse.

Ewen Macpherson of Cluny termine sa vie dans la pauvreté à Dunkerque jusqu’en janvier 1764, où affaibli par ses dures années d'exil puis de pauvreté, tombe malade et décède le 30 janvier 1764 à l’âge de 57 ans. Il est inhumé le lendemain dans le jardin du couvent des Carmélites lors d’une cérémonie privée, au plus proche de son appartement attenant. Sa femme Janet avait refusé les honneurs militaires, car elle reprochait à l’armée de ne pas les avoir soutenus.

Le clan Macpherson :

À l’origine, il s’agissait du clan Chattan, l’un des plus vieux clans d’Écosse qui apparaît aux alentours du milieu du IXesiècle dans les Highlands d’Écosse, qui donna naissance à plusieurs autres clans dont celui des Macpherson qui prit part à de nombreuses batailles pour l’indépendance de l’Écosse aux côtés de la dynastie Stuart lors des révoltes jacobites de 1715 et 1745.